Il y a 50 ans, sous les bombardements,
j’atterrissais sur la planète bleue.
Une overdose de vitamine me replonge
dans le chaos et l’angoisse des origines.
Je m’apaise en faisant l’amour avec le compagnon perdu
et retrouvé à travers plusieurs vies...
Il n’est pas l’homme que la vie me destine aujourd’hui.
je ne serai pas la compagne
qui comblera l’espace que j’ai ouvert en lui.
Il m’arrive d’être triste.
Je suis sur la Terre depuis un demi siècle.
Jean, mon fils aimé, a rejoint sa demeure céleste.
Il est parti dans une expansion fulgurante de conscience
Et je reste.
Ma fille, belle et lumineuse petite soeur de l’amour,
fleur fragile et obstinée, a quitté Paris
pour s’installer en Bretagne avec ses enfants.
Mon amour a choisi de ne pas se remettre en question.
Plus rien ne me retient.
La lettre demandant à Air-France
la faveur d’un billet pour Bali,
choisi pour la beauté de ses plages
et l’atmosphère recueillie de ses temples,
qui me mettraient à distance d’une douleur lovée...
est restée sans réponse.
À l’heure où je l’écrivais, un avion décollait de Montréal !
Parmi les passagers, une jeune femme rentrait en France.
L’ordinateur, en prime, lui octroyait un “retour” !
Elle m’offre de disposer du cadeau de l’informatique.
Feuille d’automne, j’attendais le vent...
J’interroge le Y-King : “ la poussée vers le haut”
Aller de l’avant ! Profiter de l’opportunité !
J’ai demandé un voyage.
La vie me répond par le biais de l’erreur informatique.
Je sens l’énergie circuler dans mon corps.
La rivière de Vie chantonne allègrement.
Et je m’endors.
Longtemps le réveil a sonné.
J’entends “mon oiseau bleu des îles vertes parfumées”
“Un avenir t’attend que tu n’entrevois pas.
Je te ferai voir le chemin que tu dois parcourir.
Je léverai pour toi tous les obstacles.”
Et les barrières de l’impossible s’estompent...
Et le voyage commence par un verre de champagne !
Sur le toboggan du temps, ma plume légère glisse
et égrène les mots que mon esprit façonne
pour créer des images.
Les départs et les décisions sont toujours
pour moi synonymes de chaos.
Quand j’arrive à les traverser,
je me retrouve dans de larges paysages
qu’aucun obstacles ne limite.
Je sens l’espace s’ouvrir.
Et le miracle de ce voyage dont je ne sais,
ni n’attends rien, m’entraîne vers un possible
dont j’ignore tout et que j’accueille avec confiance.
À travers une photo, je plonge dans le regard de Jean.
D’ici, en plein ciel, j’ai l’impression d’être plus proche de lui.
Il me guide avec souplesse et certitude.
Et les larmes me viennent.
J’accepte ce mélange de joie et de tristesse,
cette liberté acquise au prix de détachements successifs
que je n’ai pas choisis.
Une confiance émerge d’un trou noir.
Jusqu’à la dernière minute, le suspens a régné.
Je n’étais pas sur la liste des passagers.
Attachez vos ceintures !
Les hublots sont fermés.
Je flotte au-dessus des nuages...
Le regard aimanté par la fenêtre illusoire de l’écran,
j’avance en aveugle vers une destination inconnue.
Les écouteurs diffusent une chanson de Patrick Bruel.
Petites serveuses de l’espace,
les hôtesses nous chouchoutent avec délicatesse.
Chaque fois qu’elles passent près de moi,
je tends mon verre qu’elles remplissent sans sourciller.
Servir, desservir, resservir des passagers passifs
qu’on distrait de l’ennui,
en les nourrissant à intervalles réguliers,
n’est pas une sinécure.
Nous avons décollé de Paris à 11 h13 !
Mercure, face à Uranus et à Neptune,
m’ouvre soudainement à la vastitude.
La Lune, imaginaire au bord de l’union avec le Soleil,
rejoint son idéal.
Champagne !
Dans le bleu sans limite
au-dessus des nuages de nos fantasmes
et de nos agitations mentales...
Champagne !
Et l’angoisse se dissipe.
La certitude de la guidance emplit mon espace intérieur.
Champagne !
Une nouvelle page à écrire s’ouvre dans le grand Livre de la Vie.
Champagne ! Je pars !
Je m’envole !
Rien ne m’a retenue.
Champagne !
J’ouvre un sillage dans la forêt de l’impossible.
Champagne !
Je suis prête à vivre, à mourir, à aimer !
Champagne !
J’aime !
J’ai aimé Montréal.
Jean aurait aimé y vivre.
Quand nous prenons le risque, ils prennent la chance !
En voyageant à travers le pays, la certitude m’est venue
qu’il m’avait amenée là,
parce c’est ici qu’il allait “revenir”.
Attends moi, je vais bientôt revenir...
Je n’entrevois pas l’avenir de ma prochaine naissance...
Je ne peux pas te dire qui seront mes parents...
Seulement que je te rencontrerai
et que les conditions seront plus favorables
et plus faciles à vivre
m’avait-il dit dans l’un de ses premiers messages.
Et le “hasard” m’a ramenée à Paris
le jour où Jean était parti, l’année précédente,
pour “le grand voyage” !
J’ai encore des choses à y réaliser, des liens à défaire.
"Reste la femme libre que tu es.
N’entre dans aucun projet qui t’enchaîne au réel.
Tu dois rester l’amazone qui avance sans contraintes.
Les engagements autres que spirituels
ne sont pas sur ton chemin.
Ne te fixe nulle part.
Tu dois rester mobile et légère.
N’entrave pas le mouvement en fixant des frontières
à l’action qui t’incombe :
“Aider les êtres à trouver leur chemin
vers la finalité de leur vie : AIMER !”
"Laisse moi te conduire. Je suis là présent à tous instants.
Ne sois pas craintive. Aie confiance.
Attends patiemment que la réponse à tes questions
soit évidente et claire.
Les lois de l’amour te guident
et tracent le chemin qui s’impose sans questions.
N’attends rien. Sois prête à recevoir et à donner.
"Les étoiles se balancent dans l’infinie
et transparente luminosité
et m’enveloppent de lumière.
Je suis suspendu dans le vide et flotte dans le néant
en attente d’un futur qui se fond dans le temps."
IL est le messager qui lentement me guide
à travers les chemins.
La rivière de Vie chantonne allègrement.
Mon cerveau reprend sa place sous “sa couronne”
entre le “3ème oeil” et “la porte des vents ”.
"Avance sans te blesser
"sur le chemin qui conduit à la Paix et à l’Amour"